GUILLAUME SERP & CO.
GUILLAUME SERP & CO
Guillaume Serp Vocals
Pierre Goddard Guitar
Yann Le Ker Guitar Keyboard
Philippe Le Mongne Bass
Jean-François Perrin Bass
Hervé Zenouda Drums
Frédéric Goddard Drums
Philippe Delacroix Herpin Sax
Philippe Férin Sax
Jean Yves d’Angelo Synthetiser
Marc Chantereau Percussions
Claudia Phillips Background Vocals
Sylvie Draï Background Vocals
Laurence Apithy Background Vocals
Sylvie Drat Background Vocals
Artistic production by Pierre Goddard, Yann Le Ker & Guillaume Serp
Executive Producer Michel Esteban
Recorded at Studio DB (Rennes, France) October 1981
Studio Off the Track (Paris, France) October 1982
Studio Marcadet (Paris, France) January & February 1983
All songs by Pierre Cousseau, Yann Le Ker & Guillaume Israël
Published by ZE Records Music Publishing
Except Waterloo Sunset by Ray DaviesPublished by Carlin Music Corp.
Mastering 2016 by Raphael Jonin at J RAPH I.n.g Studio
Art cover by Michel Esteban Front Cover pic by LIO
Other pics by Michel Esteban
Original Sound recording Made by Michel Esteban for ZE Records
℗ & © ZE Records Music Publishing 2017
LES BRAVES GARCONS MEURENT EN HIVER
Quelle singulière histoire de cet album qui est resté 34 ans dans nos archives. J’ai pour habitude de dire que dans chaque histoire il y a trois versions : La mienne, celle des autres, et la vraie. Mais pour certaines, il y des versions tellement éloignées de la réalité factuelle que l’on se demande si les intervenants étaient bien présents. S’ils ont totalement perdu la mémoire ou quel peut bien être leur but en détournant à ce point les faits… !
Cette histoire démarre donc au mois d’Août 1981, à Rennes. Pierre Cousseau dit Goddard était le chanteur de SUICIDE ROMEO, un groupe que j’avais signé sur ZE Records en 1979 et pour qui j’avais produit un premier album « IMAGES ». Nous avions enregistré le disque aux Bahamas aux studios Compas Point, avec le regretté et grand producteur Alex Sadkin. ZE Records était distribué par Island Records, propriétaire du studio et nous avions quelques avantages à cet égard.
Le premier album de SUICIDE ROMEO, malgré un bon accueil critique, n’avait pas eu le succès escompté. Un deuxième album était prévu. Parallèlement j’avais, à cette époque, négocié auprès de EMI la production exécutive du premier album du groupe OCTOBRE, émanation de MARQUIS DE SADE avec Frank Darcel en leader. Nous devions enregistrer au Studio DB de Rennes. Je profitais donc de l’opportunité pour réserver le studio, le jour pour OCTOBRE et les séances de nuit pour SUICIDE ROMEO.
Mais Pierre Goddard m’informa que deux des membres du groupe, Michel Bellocq le guitariste et Jean Louis Winsberg, le bassiste ne faisait plus partie du groupe pour divergences artistiques… Ils avaient, aux dires de Winsberg, été virés par téléphone !
Cette péripétie de l’histoire est décrite par Yann Leker dans le documentaire sur l’enregistrement de cet album sous la formule suivante “Par un concours de circonstance ( !!!!) , on se retrouve à Rennes à enregistrer la nuit au studio où notre ami Franck Darcel de Marquis de Sade enregistrait son nouveau groupe Octobre”
Yann Leker, de nos jours, sans doute, frappé d’un Alzheimer précoce, doit penser que c’était ce fameux « concours de circonstance », qui réglait les factures de studio, les notes d’Hôtel à Rennes et les billets de train de Paris, sans compter les avances pour les musiciens… !
Quant à Pierre Goddard / Cousseau il déclare dans une interview sur BUZZ ON THE WEB.
« On a eu la chance de pouvoir partir assez vite enregistrer au studio DB à Rennes où enregistrait aussi « Octobre » avec Frank Darcel. Nous avons enregistré les bases des morceaux sans les voix et nous avons attendu de pouvoir poursuivre l'enregistrement.
À cette époque, les réalisations musicales pouvaient être lentes et aléatoires, et là c'était bien le cas.
Yann est parti à Los Angeles faire une école de guitare et de mon côté j'avais envie d'aller faire une école de cinéma aux USA, ce qu'a d'ailleurs fait Guillaume Serp un peu plus tard. Finalement nous avons eu l'opportunité de reprendre l'enregistrement de l'album au cours de 2 sessions au studio Marcadet. Mais entre temps, j'avais perdu l'envie de chanter sur les morceaux et nous avons fait appel à Guillaume.
Donc en fait ce qui était devenu le disque de Pierre Goddard, avec le concours d’autres musiciens dont principalement Yann Le Ker, ex Modern Guy, Hervé Zénouda le batteur des Stinky Toys, à la basse, Jean-François Cohen, et Philippe Ferin au sax, tout deux également ex Modern Guy, devenait un album sans groupe, ni chanteur.
Cousseau déclare dans le documentaire : “J’avais plus trop envie de chanter l’album, je le sentait plus !....
No Comment! Me voila donc avec sur les bras l’album d’un groupe qui n’existe plus et un chanteur qui ne veux plus chanter…
Guillaume Israël, était le chanteur du groupe MODERN GUY, ils avaient enregistré en 1980 leur premier album à New York, produit par John Cale. Il était venu me voir pour me proposer de produire le second album de MODERN GUY. J’aimais vraiment bien Guillaume. C’était in personnage atypique, d’un quotient intellectuel largement au dessus de la moyenne dans ce milieu. Il avait un visage d’ange et un esprit démoniaque. Il était cultivé, excessif, brillant, exalté, désespéré avec un humour et des répliques dévastatrices ! Un poète en somme ! Il était également ami de Pierre et de Yann et donc est venu se greffer sur le projet qui est devenu : GUILLAUME SERP & CO.
J’ai donc réservé au studio Marcadet entre Janvier et Février 1983, 18 séances afin de terminer l’album. Soit les voix avec Guillaume, des basses ont été refaite par Philippe Le Mongne avec qui j’avais travaillé sur l’album de Lizzy Mercier Descloux « Mambo Nassau » que j’avais produit en 81. Jean Yves d’Angelo aux synthés, Marc Chantereau aux percussions, Philippe de la Croix Herpin au Sax et 3 Choristes autour de Claudia Phillips sont également venus durant cette période participer à la réalisation de cet album.
Malgré le fait que tout cela c’était plutôt bien passé et que nous étions satisfait du résultat, les démons qui dévoraient Guillaume aux travers de diverses aditions, alcool et drogues, ont fini par reprendre le dessus. Cela devenait difficile de contrôler la situation. Je me demandais si en fait cet album n’était pas maudit !
Guillaume souhaitait partir s’installer aux Etats Unis, écrire un livre, qui deviendra « Les chérubins électriques » qui sortira chez Robert Laffont en 1983. Le projet fût stoppé faute de combattant. Une mise à plat, soit un pré-mix, avait été réalisé, mais le mixage définitif ne fut jamais complété. La bande analogique demeura 34 ans dans mes archives.
En 1984 j’avais commencé la production du quatrième album de Lizzy Mercier Descloux qui devait se dérouler à New Orléans. Après le surprenant succès de l’album enregistré en Afrique du Sud et le tube « Mais où sont passées les gazelles », nous nous étions dit que ce serait intéressant de mixer des musiciens Sud Africains avec des musiciens Cajuns en une sorte de Jambalaya musicale. Mais les musiciens Africains n’obtinrent pas leur visa de sortie pour les US. Leur pays était toujours sous le régime de l’aparthied. Après trois semaines à New Orleans sur les traces des Metters et de Dr John, retour au Compas Point Studio avec Wally Badarou. Mais les séances n’aboutirent pas non plus à Nassau.
Qu’a cela ne tienne, allons voir nos amis à Los Angeles où Guillaume c’était réfugié. Egal à lui même il semblait plus « assagie », même si ce terme n’est pas le plus approprié pour le décrire. Il faisait des recherches pour un livre sur Picasso. Lizzy et Guillaume s’entendaient comme larrons en foire, l’alcool coulait à flot. Guillaume buvait toujours autant, mais avait arrêté les drogues dures. Tous deux partageaient ce mal de vivre si commun aux artistes dont la difficulté à se confronter à la réalité se transforme au quotidien en une espèce de poésie désespérée pleine d’humour et d’humanité.
Pierre Cousseau était aussi à L.A, mais tout le monde semblait bien loin de l’album qui dormait sur des étagères.
Lizzy et moi après un détour par Paris, avions convaincus (temps bénis!) une multinationale de nous laisser carte blanche pour aller enregistrer l’album « One for the Soul » à Rio, avec un de nos héros, Chet Baker.
« One for the Soul » n’eut pas le succès des Gazelles et début 1986 j’étais déjà sur un nouveau projet avec LIO. Un single fût rapidement enregistrer, une ravissante poperie : « Les brunes comptent pas pour des prunes ». Gros tube, Il fallait donc dans la foulé enregistrer un album. Donc en route pour Los Angeles. Je chargeais Yann Leker de trouver un batteur et un bassiste. Duvall et Alanki les fidèles complices de Lio, avait écrit plusieurs titres. Je demandais à Guillaume que nous retrouvâmes avec grand plaisir, de nous écrire des textes, ce qu’il fit avec le talent qu’on lui connait : On lui doit « Pop Song », « Les filles veulent tout », et « Veste du soir ». Et il écrivit l’adaptation française de « Hot Love » de T. Rex. Et pour l’album suivant le très beau « Malaise sur la falaise » et « C’est ça ma vie ».
Lio et Guillaume s’entendait également à merveille une grande affection les unissait et nous avons passé quelques semaines inoubliables à Los Angeles. John Cale vint nous retrouver pour faire les arrangements de cordes de l’album. Les retrouvailles et l’ambiance étaient festives et créatives.
Une dernière fois nous avons abordé le sujet de l’album oublié, mais Guillaume ne souhait pas s’en occuper, moi j’était un peut débordé à gérer le succès, et ce n’état pas une habitude ! L’album de Guillaume semblait définitivement enterré.
L’année suivante Guillaume vint passer les fêtes de Noël en famille à Paris. Nous avions diner ensemble avec LIO et sa nouvelle girlfriend Américaine. Il nous avait lancé comme une boutade que son père, un grand cancérologue, lui avait fait un diagnostique, et dit qu’il avait un corps de 80 ans…
La nuit du 31 décembre 1987, Guillaume c’est endormi paisiblement et ne c’est jamais réveillé. Il avait 27 ans ! Il rejoint Brian Jones, Jimi Hendrix, Jim Morrison, Janis Joplin tous disparue à 27 ans !
Et puis 30 ans plus tard, un beau jour décembre 2014, un mail de Fréderic Cousseau me demande s’il pouvait m’interviewer pour un documentaire qu’il réalisait :
« Je réalise un film documentaire sur Suicide Roméo (en indépendant) et j'aurais aimé avoir ton témoignage sur le groupe (et un peu sur l'époque). Si tu ne veux pas apparaître à l'images, je pourrais faire un enregistrement sonore, cela serait de toute manière très précieux ».
En fait ce qu’il ne me dit pas, c’est qu’il a retrouvé une cassette de l’enregistrement de Guillaume, et que son frère et Yann Leker on le projet de publier le disque…
Inutile de préciser que pas une image de mon « témoignage précieux » ne figure pas dans le documentaire sur l’enregistrement d’un groupe nommé GYP et non SUICIDE ROMEO. Groupe qui n’a jamais existé sous ce nom lors de l’enregistrement. Car sur la fameuse cassette retrouvée par Cousseau il est bien noté. « Guillaume Serp & Co. »
Donc ce qui est aujourd’hui présenté comme un « hommage » à Guillaume, par ses partenaires de l’époque, n’est surtout qu’un prétexte. Sinon pourquoi avoir travesti le nom de l’album !
Et puis en Octobre 2016 apparaît sur les réseaux sociaux plusieurs informations sur la sortie imminente d’un disque vinyle sous le nom de groupe « GYP » et des interviews de Leker et Cousseau relatant une fable:
L’interview de Leker commence comme cela :
GYP ça veut dire quoi ?
« A l’origine Guillaume, Yann et Pierre mais en argot anglais ça veut dire fraude, escroquerie. »
Quant à Pierre Cousseau il dit :
Peux-tu nous expliquer que signifie le nom GYP ?
« Dans un précédent interview, Yann a dévoilé un des sens de GYP qui sont les initiales de Guillaume, Yann, Pierre. Mais GYP a aussi une polysémie cachée. En effet, GYP est un mot anglo-américain à l'origine obscure (19 ère siècle) dérivé de « gypsy » et qui signifie en tant que nom : escroc, tricheur, escroquerie. Sous forme de verbe, c'est tricher, escroquer.
C’est bien le seul point sur lequel je suis d’accord avec eux, le contraire d’un acte manqué !
Devant ces informations j’ai bien sur contacté, Leker et Cousseau pour leur rappeler que j’étais le producteur des ces masters, qu’ils avaient signés des contrats d’édition Sacem pour tout les titres, que Pierre Cousseau et Guillaume Serp était en contrat d’artiste avec moi et qu’il existant une bande master analogique certainement de meilleure qualité qu’une cassette …
Aucune réponse… !
Dans leurs interviews ils faisaient état d’un Label Etic System qui devait publier le disque, donc je contactais ce label par courrier leur demandant de se rapprocher de moi afin de trouver un accord amiable sur cette bien curieuse péripétie !
Aucune réponse du label, mais (!!!!) une lettre de leur avocat de demandant de prouver que j’étais bien le propriétaire des Masters. Ce qui fût fait comme je suis un garçon ordonné, j’ai pu fournir les factures de Studios, Contrats et autres pièces qui démontèrent bien la légitimité de mes contestations.
Mais là une époque ou des stars de la téléréalité peuvent devenir président des Etats Unis, pas étonnant que des musiciens pensent que parce qu’ils ont participé à un disque, ils deviennent propriétaires des masters.
The times they are a-changin’ disait le dernier prix Nobel de littérature.
Michel Esteban, Novembre 2016.