Ils faisaient partie de ces « jeunes gens modernes » auxquels la galerie du Jour a su rendre hommage en 2008, compilation érudite et jouissive à l’appui. C’était l’un des french bands issus de cette scène rennaise libre et prolifique, à l’orée des années 80. Une génération furieusement mélomane qui bousculait les genres, réchauffait le punk de disco, mettait du synthétique dans l’électrique, rafraîchissait la new wave sous une douche de funk, et osait même chanter en français, faux parfois, et alors.
Ils s’appelaient Octobre. L’histoire musicale a duré 4 ans et 2 albums dont on s’étonne encore, à la réécoute, du bon son, de la production si… moderne ? Même si l’on peut sourire de certains tics de l’époque, du chant par moments maniéré, de claviers trop romantiques, rien de surprenant à ce que « Next year in Asia« (1981) et « Paolino Parc« (1983) « sonnent » aussi actuels. Ceux qui ont la chance de posséder les albums vinyles ou même la réédition couplée chez Ze records (2008) savent de quoi l’on cause. En y regardant de plus près (c’est déjà un bonheur, de par le graphisme racé des deux pochettes), on apprend qu’Octobre est la formation créée par Frank Darcel, le guitariste de Marquis de Sade, à l’affût de sonorités plus pop, moins sombres en tous cas. Le premier disque avec Eric Lanz à la voix, tout comme le second avec Patrick Vidal (leader de Marie et les Garçons) au chant, réunissent la petite crème musicale de l’époque… et de bien après : direction artistique Michel Esteban, patron de ZE Records, claviers Arnold Turboust, compositeur pour Daho (dont Franck Darcel produit les premiers disques), trompette jazz d’Eric Le Lann et, cerise sur le sillon, Dominique Blanc Francart aux commandes, l’ingénieur du son qui a accouché de pépites pour Bowie ou T Rex, pondu le tube Pop Musik, et bercé une descendance plutôt funky (Hubert « Boom Bass », Mathieu « Sinclair »).